ProZ.com translation contests » Propose a source text » French source text proposed by Annamaria Martinolli


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From "Le Bourgeon" by Georges Feydeau

Maurice, avec élévation.
Regardez Marie de Béthanie, celle que nous appelons la Magdeleine : c’était une pécheresse comme vous ; mais elle eut la foi en la présence du Sauveur et c’est par là qu’elle toucha le cœur de Jésus.

Etiennette, hoche la tête doucement puis, timidement.
Mais… la Magdeleine aima le Christ ?

Maurice, id.
Oui, mais elle l’aima comme il voulait être aimé.

Etiennette.
C’était une courtisane ; comment se fait-il qu’elle ait pu concevoir un autre amour que celui qui lui était habituel ?

Maurice, id.
Elle fut touchée de la grâce.

Etiennette, comme dans un rêve.
A moins qu’elle n’ait eu conscience de l’impossibilité de son amour et que plutôt que de voir s’éloigner d’elle celui qu’elle aimait, elle n’ait préféré se résigner à cette adoration muette qui devait lui cacher la nature de ses pensées.

Maurice, avec une énergie mystique.
Croyez-vous donc que le Christ qui lisait dans son âme se serait mépris sur le caractère de ses sentiments ?

Etiennette, id.
C’est pourtant tellement le propre des femmes de savoir plier leur amour à l’idéal de ceux qu’elles aiment.

Maurice, avec élan.
Non ! non ! chez elle, tout est spontané, tout est sincère ! (D’une voix pleine de tendresse.) Pécheresse encore, elle voit le Christ et reconnaît Dieu dans la chair du Fils de l’Homme. Elle se rend après de lui avec un vase d’albâtre rempli de parfum ; elle commence par arroser ses pieds de larmes ; puis elle les essuie avec les cheveux de sa tête, elle baise ses pieds et les oint de parfums.

Etiennette, à qui tout ceci paraît peu de chose.
Quand on aime !

Maurice, avec transport.
Comprenez-vous la beauté de cet acte de foi et d’humilité ? Comprenez-vous que le Sauveur en fut touché par tout ce qu’il contenait de repentir, d’expiation et d’amour ? Comprenez-vous ? Comprenez-vous ?

Etiennette, comme grisée.
Ah ! je ne sais pas… je ne sais pas si je comprends le sens de vos paroles !… je comprends que votre voix est une musique qui me monte à l’âme, me berce et m’étourdit.

Maurice, décontenancé par ces paroles inattendues, presque à mi-voix.
Madame ! Madame ! Perdez-vous l’esprit ?

Etiennette, id.
Ah ! je comprends la Magdeleine quand je me mets à sa place : s’humilier devant celui qu’on aime. Quelle joie !… Ah ! si je pouvais !… si je pouvais… !
  • No positive highlights


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